Le Monde: "Montevideo
cuenta con el dinero del FMI para evitar la caída de su sistema
bancario"
Montevideo compte sur l'argent du FMI pour éviter la faillite
de son
système bancaire
Le fmi ,la Banque mondiale et la Banque interaméricaine de
développement
(BID) ont décidé conjointement, dimanche 5 août,
de porter à 1,5 milliard
de dollars - dont 800 millions d'argent frais - les fonds mis à
la
disposition de l'Uruguay pour tenter de surmonter sa crise de liquidités.
Sans attendre l'accord des conseils d'administration de ces institutions,
qui se réuniront en milieu de semaine, ni le vote final par
le Parlement
uruguayen d'une loi visant à consolider le système
bancaire, c'est le
Trésor américain qui va sortir son carnet de chèques.
Dans un communiqué, le secrétaire américain
au Trésor, Paul O'Neill, a
confirmé que Washington allait débourser immédiatement
cette somme, qui,
espère-t-il, permettra d'alléger les "pressions
intenses" qui pèsent sur
l'Uruguay.
Pour les institutions de Bretton Woods comme pour la Maison Blanche,
ces
fonds serviront à garantir 100 % des dépôts
à vue et à terme libellés en
dollar dans les banques privées et publiques. Il est essentiel,
a ajouté
M. O'Neill que "la population uruguayenne et les milieux d'affaires
aient
accès à leurs dépôts pour préserver
le système de paiement de l'économie".
Celui-ci est paralysé après la décision du
gouvernement, mardi 30 juillet,
de fermer les banques dans une tentative pour juguler l'hémorragie
des
capitaux et éviter la cessation de paiement du pays.
Les réserves de la banque centrale ont fondu de 78 % depuis
janvier et,
selon l'agence de notation Fitch, qui, comme sa collègue
Standard & Poors,
a déclassé la note de l'Uruguay, elles continuent
à diminuer. Au cours des
deux derniers mois et malgré le soutien affiché du
FMI (Fonds monétaire
international), le rythme des sorties de capitaux a dépassé
les 500
millions de dollars par mois.
Le tableau dressé par l'agence est des plus sombres. "Même
si une solution
est trouvée pour freiner la fuite des capitaux, l'Uruguay,
qui entre dans
sa quatrième année de récession, restera sous
pression". Selon Fitch, le
PNB devrait chuter de 7 % en 2002 et les chances de redressement
de
l'économie sont étroitement liées à
celles de l'Argentine, son principal
partenaire commercial. La dette publique devrait excéder
80 % en 2002 et
il est peu probable que l'objectif ambitieux de réduire le
déficit public
de 4,1 % en 2001 à 2,5 % du PNB en 2002 soit atteint.
LA COLÈRE DE LA RUE
L'Uruguay traverse la plus mauvaise passe de son histoire. Frappé
de plein
fouet par la crise argentine mais également par la maladie
de la vache
folle, qui lui a interdit d'exporter pendant des mois, le gouvernement
de
Jorge Battle avait lancé en mars un train de mesures impopulaires
pour
réduire le déficit fiscal. La décision, fin
juin, de laisser flotter le
peso pour redonner de la vigueur aux exportations a fait l'effet
d'un
détonateur et révélé la faiblesse structurelle
du système bancaire. En un
mois, le peso a perdu 50 % de sa valeur. Dans le même temps,
les prix à la
consommation ont augmenté de 5 %.
Dans un pays où près de 16 % de la population est
au chômage (selon les
chiffres officiels), la fermeture des banques et la dégradation
du niveau
de vie a déclenché la colère de la rue la semaine
dernière. Pour éviter de
nouveaux pillages, quelque 5 000 policiers ont été
mobilisés.
L'intervention des Etats-Unis dans la crise uruguayenne souligne
leur
inquiétude de voir un nouveau foyer d'instabilité
se développer et
contrarier le projet de grande zone commerciale des Amériques.
Mi-juillet,
le conseiller du président américain pour l'Amérique
latine, Otto Reich,
avait déclaré que "le redressement économique
du cône sud convient aux
Etats-Unis pour de nombreuses raisons : politiques, stragétiques,
économiques et, même si celles-ci n'existaient pas,
les raisons
commerciales le justifieraient".
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