Liberation:
"Una boya de salvataje para Uruguay"
Une bouée de sauvetage pour l'Uruguay
Le plus petit pays d'Amérique du Sud a obtenu 3,8 milliards
de dollars
d'aide * L'Uruguay connaît actuellement son plus haut niveau
de chômage
depuis 30 ans et subit le contrecoup de la crise qui frappe son
voisin
argentin * e bon élève sud-américain sera récompensé.
Le secrétaire américain au
Trésor Paul O'Neill était à peine arrivé
au Brésil, dimanche soir, pour
une tournée officielle qui le mènera ensuite en Uruguay
et en Argentine,
que des lignes de crédit étaient accordées
à Montevideo, qui se débat
depuis plusieurs mois dans une crise financière qui l'a conduit
au bord de
la cessation de paiement.
La bonne volonté du gouvernement de Montevideo, qui suit
depuis plusieurs
années les préconisations du FMI et des autorités
américaines, lui vaut
probablement d'être ainsi secouru. Dimanche, le parlement
uruguayen a
approuvé une loi renforçant son système bancaire.
Une condition exigée par
les bailleurs internationaux. Au total, l'aide du Fonds monétaire
international (FMI), de la Banque Interaméricaine de Développement
(BID)
et de la Banque mondiale (BM) va être portée à
3,8 milliards de dollars,
et 1,5 milliard vont être avancés immédiatement
par le Trésor américain
sous forme d'un crédit relais. Pour Paul O'Neil, il s'agit
d'alléger les
«pressions intenses» qui pèsent sur le pays,
à l'heure où la tension
sociale monte dangereusement comme l'ont indiqué les pillages
survenus
jeudi et vendredi. Mardi 30 juillet, le gouvernement uruguayen a
pris la
décision exceptionnelle de fermer les banques pour endiguer
les retraits
massifs de pesos (la monnaie locale) et de dollars. Cette restriction
a
été reconduite vendredi, quand tous les distributeurs
de billets ont été
fermés pendant 24 heures.
L'Uruguay, le plus petit pays d'Amérique du Sud avec 3,5
millions
d'habitants, connaît actuellement son plus haut niveau de
chômage depuis
30 ans. Son déficit extérieur, traditionnel talon
d'Achille des économies
sud-américaines, est aggravé par l'attitude d'investisseurs
étrangers
échaudés par la crise boursière. Ainsi, le
«flight to quality» (fuite vers
la qualité, les placements nationaux moins risqués)
observé aux Etats-Unis
se sert pas les économies émergentes de moins en moins
à même de
rembourser leurs dettes : début juillet, la Compagnie française
d'assurance pour le commerce extérieur, qui mesure le niveau
moyen de
risque d'impayés présentés par les entreprises
d'un pays, a déclassé la
note de l'Uruguay (passée de "B" à "C"),
ainsi que celles du Brésil, du
Paraguay et du Venezuela.
L'Uruguay subit également le contrecoup de la crise argentine.
Pour la
première fois, le FMI, qui n'avait jusqu'ici jamais voulu
entendre parler
d'une situation de contagion financière en Amérique
du Sud, a concédé
qu'il s'agissait dans le cas de l'Uruguay d'un «problème
de voisinage». La
solidité du système bancaire de ce petit pays, souvent
considéré comme «la
Suisse de l'Amérique du Sud», lui joue paradoxalement
des tours
aujourd'hui. Selon certaines sources, les réserves de la
banque centrale
uruguayenne auraient fondu de près de 80% depuis le début
d'année, qui
coïncide avec le plus fort de la crise argentine. La crise
observée dans
les pays du Mercosur vide progressivement les caisses des instituts
financiers de ce pays refuge. Enfin, la décision prise le
20 juin de
laisser flotter la monnaie s'est traduite par une dépréciation
du peso de
50% (à 27 pour un dollar), tandis que les prix à la
consommation ont
augmenté de près de 5% dans le même temps.
L'aide octroyée par un Paul O'Neill revenu à de
meilleurs sentiments après
ses déclarations de la semaine passée (il s'inquiétait
publiquement de
voir l'argent prêté par les institutions internationales
aux pays de la
région «terminer sur des comptes bancaires en Suisse»)
est un
indispensable bol d'air pour Montevideo. L'ombre de l'effondrement
subi
par les économies sud-américaines au début
des années 80 n'a pas fini de
menacer.
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